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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 06:55
Sortie de "Gueule Noire" chez Casterman... Interview de Antoine Ozanam.

Antoine Ozanam sort aujourd'hui son nouvel album «Gueule Noire » avec au dessin Lelis. C'est chez Casternam. Il a accepté de répondre à Oncle Fumetti...

Encore beaucoup de sorties pour toi en cette rentrée littéraire...Klaw, Temudjin et donc Gueule Noire le 9 septembre. Cela ressemble un peu à ton début d'année 2014 avec « L'Ombre blanche » et « Succombe qui doit »... D'où vient cette boulimie dans l'écriture ?

C'est toujours la même histoire : le hasard des sorties. Gueule noire, par exemple, est terminé depuis deux ans pour moi. Lelis a d'ailleurs terminé l'album l'année dernière. Peut-être que je suis vraiment atteint de boulimie (j'en doute) mais les sorties ne sont pas l'image des titres que j'ai écrit l'année dernière. Après, vu le nombre de titres que je sors par an, je me dis que je suis qu'une grosse feignasse. J'aimerais tellement trouver le temps d'en écrire plus.

Carrion, Jurion ou Lelis pour ce projet, au delà du fait que ce sont des dessinateurs qu'est ce qui lient ces artistes qui collaborent avec toi ?

Le premier lien, c'est qu'ils ont un univers graphique reconnaissable. Une vraie personnalité. Personne d'autre ne fait ce que Lelis dessine. C'est très important pour moi. Ça nourrit mon imaginaire. Ils correspondent aussi à une envie différente que j'ai en moi. Ils ne sont pas interchangeables. Quand j'écris pour Antoine Carrion, je connais ses forces et ses faiblesses. Je suis sûr que le même scénario fait par Lelis ou Jurion serait moins bien. Et vice versa.

Si on rajoute que ces trois livres sont publiés par trois éditeurs différents (Maghen, Casterman et Le Lombard) on croit comprendre que tu aimes l'éclectisme non ?

Au départ, je rêvais (ça m'arrive encore) d'être un « auteur maison ». Ce qui a bien failli être le cas avec Casterman pendant un temps. C'est un peu une idée de vieux. Mais si les deux parties jouent le jeu, ça permet d'aller plus vite, plus simplement et de façon plus approfondie. Je dis pas que l'éditeur doit tout accepter mais il doit être un interlocuteur privilégié. Il se doit de répondre vite et de façon non bâclée. De son coté l'auteur envoie en avant première toute sa production... Et l'un et l'autre se parlent de leurs envies respectives. Par exemple, l'éditeur annonce qu'il ouvre telle collection pour que l'auteur lui propose un truc... Bon, c'est assez difficile à faire en ce moment. Si j'étais un gros vendeur, ça serait plus facile... en plus il faut une sacré confiance de part et d'autre. Donc, pour l'instant, je vais là où on croit en mon projet. Car un éditeur quel qu'il soit ne peut pas vendre bien n'importe quel projet. Encore une fois, ils ont tous des forces et des faiblesses. Il faut donc bien choisir son éditeur et pas seulement sur l'argent qu'il propose mais sur sa capacité à bien vendre le livre. Et là, le premier point, c'est qu'il aime vraiment le projet.

Parle nous de « Gueule Noire » ? Pourquoi ce projet ? Pourquoi ce thème ?

Gueule noire regroupe plusieurs thèmes que je voulais aborder. À l'époque (il y a 8 ans), il n'y avait pas de BD sur la mine. Et vivant dans le nord, je baignais dans une culture propice. Un jour, en travaillant à la médiathèque de Roubaix, je suis tombé sur une revue spécialisée sur la mine. Dedans, il y était question d'une grève au début du 20ème siècle. Du coup, j'ai emprunté plusieurs numéros... Puis, je suis rentré en contact avec un ancien mineur... En allant le voir, je lisais Le voleur de Georges Darien... Il a vu le bouquin et nous avons parlé d'une de ses grand-oncles qui avait fuit le Nord, espérant faire fortune à Paris. Là bas, il s'était trouvé une conscience politique. Et lors d'une manifestation, il avait rencontré le sabre d'un dragon.

Donc hop, j'ai commencé à écrire une histoire de mineurs, de condition sociale et d'anarchie...

Est-ce une commande d'éditeur ou une idée de toi ?

Non, uniquement de moi. Je réponds que très rarement à la commande. Et surtout parce qu'on me propose que très peu de chose. Et encore moins d'intéressantes...

Lelis est brésilien. Comment s'est faite la rencontre ? Comment travaille cet artiste peu connu en France ? Qu'est ce qui caractérise son style ?

Sortie de "Gueule Noire" chez Casterman... Interview de Antoine Ozanam.

Je « connais » Lelis depuis dix ans grâce à son blog. Je suis rentré en contact avec lui et très vite, nous avons réalisé « Last bullets » chez Casterman. C'était un album à l'aquarelle (la vraie, par la technique de mise en couleur d'un dessin encré. Là, c'était sans encrage du tout). A la fin de l'album, on s'est dit que ça serait bien de changer de technique. Surtout que Lelis a un boulot d'illustrateur dans un journal quotidien au Brésil et qu'il ne fait pratiquement que des aquarelles. Donc, on s'est mis en tête de faire un album noir & blanc. Le premier projet que nous voulions faire était l'adaptation d'un roman de Jean Meckert. Mais les droits appartenant à Gallimard, notre éditeur nous a dit qu'il ne fallait pas rêver. Chose rigolote, le groupe Gallimard a racheté Casterman depuis... Bref, juste après, on s'est mis sur Gueule noire.

Pour le travail, on a fait comme sur le premier : on a tout fait par mail ! Avec Lelis parlant très peu français et moi pas du tout portugais. Mais on arrive à bien se comprendre...

Quant à son style, pour moi, c'est unique. Et ça vient des tripes.

Qui a impulsé le rythme de l'histoire et qui a construit le storyboard et la dramaturgie ?

Sur ce projet là : c'est bibi. Je savais exactement ce que je voulais. Après, je n'ai fait qu'un découpage écrit ; donc Lelis m'a proposé des storyboards... Il a très peu changé de chose (juste assez pour que ça lui appartienne aussi).

Ce n'est pas un format franco-belge a proprement parlé parce qu'il y a 108 pages ? Pourquoi ?

Là encore, c'est sans doute parce que je suis vieux et que j'ai pas tout compris ! En fait, pour moi, bosser chez Casterman, ça veut dire venir après Comès, Tardi et tous les autres. Donc, on peut faire des gros pavés. La seule différence, c'est qu'à l'époque, il y avait le journal (A suivre) et donc un vrai modèle économique pour faire que ça soit vivable. Maintenant, c'est du forfait. Et donc, faut être crétin pour faire 108 pages... Surtout si elles sont fournies comme celles de Lelis. Ceci dit, je trouve ça chouette qu'on puisse faire 108 pages quand le récit en a besoin. « Ici même » en 46 pages, ça aurait eu moins d'impact.

Sortie de "Gueule Noire" chez Casterman... Interview de Antoine Ozanam.

On est pas prêt de te voir te lancer dans une BD avec un personnage récurrent avec 30 albums à la suite, On se trompe ?

Ah mais si ! Moi, je lancerai bien deux ou trois séries super longue. Genre « Thorgal + 1 ». Faut juste trouver l'éditeur qui mouille un peu le t-shirt. Si c'est pour lancer une série et attendre les chiffres du T1 avant de signer le T2, c'est sans moi. Si c'est une prise de risque sur 4 ou 5 albums, alors, là je veux bien prendre le risque aussi. Et c'est pas ni les idées, ni les envies qui manquent. D'ailleurs, Klaw est une série assez grande maintenant. Je suis en train de boucler le tome 6, quand même !

On va encore te lire en 2015 ? Quels sont tes projets ?

Haha. Bon, il y a encore une nouveauté fin septembre : le tome 1 de The golden boy avec Kieran, chez AAARG éditions. C'est l'histoire initialement publiée dans la revue. Après, il va falloir attendre 2016. En janvier avec pour la première fois une adaptation. Et en mars pour Caraboo avec Julia Bax (une autre folle de l'aquarelle...et Brésilienne) au Lombard. Là aussi c'est une première puisque c'est tiré d'une histoire vraie. Après, il y aura donc le numéro 6 de Klaw. Pour le reste, soit c'est pas encore signé, soit je ne connais pas encore les dates de sorties. Mais je compte bien faire des trucs que je n'ai encore jamais fait. Notamment du western. Plein de western...

Super idée !!! Merci Antoine et à bientôt avec un Stetson sur la tête et sur la selle d'un Mustang...

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